La mort immortelle - Liu Cixin

Rassemblant ses pensées, Constantin XI Paléologue repoussa devant lui la pile de cartes des défenses de la cité, il ressera sa robe violette et attendit en silence.

C’est le troisième et dernier tome de la trilogie du Problème à trois corps, et c’est magnifique. Après la finesse et la tension des deux premiers tomes, on passe au grand spectacle : des sociétés s’écroulent et renaissent, des personnages voyagent dans le temps en cryogénisant leur corps, l’espace temps est modifié, voire détruit par endroit. Une apothéose explosive pour une excellente trilogie. La hype était méritée.

Quand l’humanité apprit que l’univers était une forêt sombre, cet enfant qui avait allumé un feu de camp et crié autour de lui pour manifester son existence l’éteignit aussitôt et se mit à frissonner de peur dans la pénombre, craignant désormais la moindre étincelle. p155

L’échelle change. Si l’action du premier tome s’étend sur 50 ans, celle du dernier prend un nombre indéfini de siècles pour arriver à son terme. Je ne veux pas spoiler, mais l’espace temps prends cher. J’ai été intéressé par le premier tome, le deuxième m’a mis une telle claque que j’ai décollé, et le troisième ne m’a pas laissé aterrir. J’ai plané jusqu’au bout, captivé jusqu’à la dernière page.

Cela faisait longtemps qu’un roman ne m’avait pas autant fait vibrer. Cette trilogie était magnifique et je comprend pourquoi tout le monde en parle. La forêt sombre est devenue une référence importante dans la science fiction, je lisais récemment des récits courts de SF et cette idée apparaît de temps en temps. Une nouvelle vision de l’univers, rien que ça.

C’est une histoire du 21e siècle, dans laquelle l’humanité est un enfant apeuré, entouré de dangers et sans solution évidente. C’est un récit fait pour notre époque, avec de grandes catastrophes et des humains qui font ce qu’ils peuvent. Certains baissent les bras, d’autres gardent la tête haute.

Et le lecteur sent une tension dans sa nuque, progressivement lève le regard, puis le menton. Un souffle épique, du panache, c’est peut-être ce qu’il nous faut pour relever la tête aujourd’hui. Notre planète se réchauffe, le fascisme arrive et le capitalisme le soutient. Mais la Terre n’a pas encore explosé et nous pouvons encore nous battre.

La mort immortelle, Liu Cixin, 2010, Editions: Babel