Un homme très recherché - John le Carré

On ne peut guère reprocher à un Turc champion de boxe poids lourd déambulant dans une rue de Hambourg au bras de sa mère de ne pas remarquer qu’il est suivi par un grand échalas en manteau noir.

Ce n’est pas le meilleur John le Carré, c’est peut-être même le moins bon que j’ai lu. Ça ne m’a pas empêché de le dévorer en 24h. La recette n’a pas changé, c’est même très classique pour lui, mais cette recette fonctionne toujours pour moi. Un plaisir de lecture d’été.

Cette semaine, j’ai expliqué à une amie pourquoi j’aimais les romans de John le Carré. Je lui ai donc expliqué ce que c’était, et il a une recette qu’il ressort à chaque fois. Des personnages très intelligents pris dans une situation qui les dépasse, des espions qui font des plans très compliqués, un homme amoureux. Il y a toujours un homme amoureux, et en général cet amour est frustré, voire imaginaire. Des idéalistes qui font ce qu’ils peuvent face à la réalité. Et de grandes surprises, pour le lecteur comme pour les personnages.

Tout ça se retrouve dans Un homme très recherché, qui par ailleurs est nettement en dessous de la trilogie de Karla ou de l’espion qui venait du froid. Mais c’est quand même suffisament bon pour m’emporter dans un état de flow, je n’ai littérallement pas vu le temps passer.

Je me suis demandé comment il faisait pour être aussi juste, il a écrit ce roman à 77 ans et cette histoire contient des militants no border, un hacker et des services secrets marqués par le 11 septembre. Et tout ça est crédible, alors qu’on imaginerait facilement un septuagénaire être totalement déconnecté. La réponse est juste après la dernière page : on y trouve la liste de toutes les personnes qu’il a interviewé pour mieux comprendre le contexte de son roman. Ce vieillard se tenait à la page, et ça ajoute encore au respect que je lui porte.

Un homme très recherché, John le Carré, 2008, éditions : Seuil