On ne peut pas accueillir toute la misère du monde, en finir avec une sentence de mort - Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens

Proférés pour clore toute discussion, ces dix motes semblent constituer l’horizon indépassable de tout débat sur les migrations.

Un tout petit essai politique de chez Anamosa, 60 pages d’analyse autour d’une phrase devenu un cliché : “On ne peut pas accueillir toute la misère du monde”. J’ai eu un peu de mal à entrer dedans, le début est un peu austère et académique. Mais au final j’ai trouvé ça très efficace. Cette phrase est une arnaque grossière, un coup de communication qui a très bien marché. Chaque mot est un piège.

Dire “On ne peut pas”, ça passe beaucoup mieux que “Je ne veux pas”, qui serait pourtant plus honnête. “Accueillir” donne l’impression que les imnmigrés vont s’installer dans notre salon et se servir dans notre frigo, quand le sujet, c’est plutôt d’assurer des services publics de base à des personnes temporairement en détresse. Temporairement, pas éternellement dans la misère. D’ailleurs le peu de réfugiés qui arrivent jusqu’en France appartiennent plutôt aux classes moyennes.

Bref, cette phrase, récemment prononcée par le Président de la République pour clore un débat que personne ne lançait, est une arnaque. Grossière. Cet essai le montre très bien, et développe également un argumentaire compact et efficace pour l’hospitalité. Une réussite.

“On ne peut pas accueillir toute la misère du monde” En finir avec une sentence de mort, 2022, Pierre Tevanian et Jean-Charles Stevens, Edition: Anamosa